Un matin dans la Clairière Fleurie [RP terminé]

La clairière s'éveillait doucement, bercée par le vent matinal et le doux chant des Mélokrik. Lorsque le soleil darda ses premiers rayons sur leurs pétales, les fleurs déroulèrent lentement leur corolle pâle, encore humide de perles de rosée. L'odeur de la nature en éveil emplissait l'atmosphère : le jour était là, comme chaque matin.


Baba ouvrit à son tour ses paupières encore lourdes de sommeil, et s'étira de toute la lourdeur de son immense corps de vieux Florizarre. Elle leva le nez et prit une grande inspiration. La lumière chaude de l'astre du jour faisait étinceler les larges pétales de sa fleur.


À l'aide d'une de ses longues lianes-fouets, elle se saisit de quelques baies sur un tas à quelques mètres de sa souche, et les porta à sa gueule pour savourer leur jus sucré.

"Encore un matin splendide, sourit-elle. Je vais avoir du travail, ce n'est pas le moment de se relâcher."

J'avais marché toute la nuit sans savoir où j'allais. Il est vrai que je n'avais jamais beaucoup voyagé avant.. Maman avait souvent besoin de mon aide et je ne pouvais pas la laisser toute seule avec deux petites canailles.
Des images me revinrent à l'esprit et me rappelèrent tragiquement ma situation.


Je tentais de me changer les idées et relevai les yeux, constatant mon arrivée dans une luxuriante forêt. 


Je pris soin de garder mes flammes en mon fort intérieur pour ne pas déclencher d'incendie. Chaque plante est une merveille de la nature, c'est ce que disait maman. Et le soleil se lève. Sa chaleur me fit un bien fou. J'en profita quelques secondes puis me remis en route.
  
De nombreux petits êtres fourmillaient au sol, entre les herbes. Je faisais de mon mieux pour ne pas les écraser avec mes pattes. L'un deux se précipita tellement que je n'eus pas le temps de le distinguer. J'étouffa un rire. Je crois que ce sont des Statitik, maman m'en avait parlé une fois. Ils sont tous petits et jaunes, mais gare aux piqûres. 


Cela commençait à faire un moment que je marchais. Le soleil était presque à son point culminant. J'entrai dans une clairière verdoyante et fleurie. Je m'arrêtais alors pour mieux contempler les lieux. Mon regard se dirigea vers un grand arbre qui culminait au centre de la clairière. Je pris la décision d'aller le voir de plus près.


C'est en l'approchant que je m'aperçus qu'un grand Pokémon demeurait à sa souche. Il était immobile et ressemblait beaucoup à une plante. J'avais déjà entendu parler de Pokémon immenses qui vivaient dans les méandres d'une forêt, dans les abysses d'un océan, ou même dans les tréfonds d'une grotte ! Quoi qu'il en soit, je dois rester calme et prudent.


Je m'avança silencieusement et dans le plus grand respect de l'impressionnant être. Je leva les yeux vers son visage.

"- Bonjour." Prononçais-je courageusement.


J'avais peur de sa réaction. Peur qu'il n'apprécie guère ma présence et qu'il décide de m'attaquer. Mais je soutenais son regard et cachais le mieux possible toute trace de frayeur.

Les heures passaient et la clairière semblait bien déserte, pour une fois. Baba, pourtant fatiguée, éprouvait encore une certaine mélancolie, en constatant qu'aucun Pokémon n'ait de doléances à présenter. Son fils Herbizarre absent, elle demeurait seule au milieu de rien. Seule avec les arbres, seule avec le vent, seule avec ce Typhlosion, seule avec les fleurs, seule... Un Typhlosion ?!


Malgré la lourdeur de ses paupières, Baba écarquilla ses yeux ronds.

"Tiens tiens tiens ! Rit-elle d'une voix étonnamment douce pour le monstre ambulant qu'elle était. Bonjour mon enfant, es-tu perdu ? Je peux lire une grande tristesse dans tes petits yeux, est-ce que je me trompe ?"

Dans l'éternité de ses deux siècles de vie, elle avait certainement vu plus de choses et plus de Pokémon différents que n'importe qui, et rien ne semblait pouvoir échapper à ses yeux.

D'abord il y eu un grand silence, mais après quelques secondes, le mystérieux pokémon écarquilla les yeux. J'esquissai un sourire en remarquant une grande bienveillance émaner de sa voix, qui d'ailleurs, est vraiment douce. Un délice pour les oreilles.

"- Je recherche ma petite sœur, elle a disparu.. vous n'auriez pas vu passer une petite héricendre ? Elle est haute comme trois pommes." Dis-je simplement, d'une voix qui laissait percevoir une certaine détresse.

A présent, j'avais confiance en elle. Cette dame avait l'air d'avoir un cœur en or. Et surtout, elle m'inspirait comme un sentiment de sécurité, ce que je n'avais pas ressenti depuis la scène qui précédait l'assaut du roi Némélios.

"- Je recherche ma petite sœur, elle a disparu.. vous n'auriez pas vu passer une petite Héricendre ? Elle est haute comme trois pommes."

Baba ferma les yeux tristement et secoua la tête.

"Hélas, mon jeune ami, je surveille cette Clairière chaque jour et il est déjà très rare pour moi de voir un Pokémon de ton espèce... Si tu le souhaites, tu peux te reposer ici. La forêt n'est pas sûre, ces temps-ci, et il serait fâcheux, s'il arrivait malheur à ta sœur, que tu te mettes toi aussi en danger."

La doyenne eut une légère grimace de malaise en voyant le visage du Typhlosion se décomposer de déception. Elle détourna le regard un instant, puis, dans un triste sourire, déploya doucement une longue liane-fouet, du bout de laquelle elle caressa la joue de la pauvre créature.

"Quel est ton nom, jeune Pokémon ?"

Même si il n'y avait presque aucune chance que je la retrouve ou que je n'obtienne ne serait-ce qu'un moindre indice, celà me fit tout de même un pincement au cœur. Non pas que ses mots étaient blessants, mais chaque seconde qui s'écoulait en l'absence de ma petite sœur me rongeaient doucement. Mais je vois bien que cette dame aussi a l'air de se sentir terriblement seule..

Elle me proposa de me reposer dans la clairière. Je baissa les yeux pour contempler l'état de mes pattes qui était désastreux, me résolvant à accepter son offre avec reconnaissance.

Elle caressa tendrement ma joue, ce qui, à ma grande surprise, eut un effet de décompression et d'apaisement sur tout mon organisme.

"Mon nom est Haru" Dis-je doucement, avant d'afficher un sincère sourire.

Nous nous étions mis à marcher vers le lieu où j'étais sensé dormir pour la nuit. C'était seulement à quelques pas de là.

"Madame, comment puis-je vous appeler ?" Demandais-je d'une voix calme et inoffensive.

"Oui Baba, il vous va à merveille." Disais-je en riant. Elle était resplendissante. 

"Je viens des Plaines Sauvages, c'est là-bas que je suis né et que j'ai grandi avec ma mère mon frère et ma sœur, jusqu'à l'attaque du roi Némélios. Il s'en est pris à notre famille sans raison. D'ailleurs, vous avez parlé de l'insécurité de la forêt avant, vous avez remarqué une quelconque agressivité des Pokémon, ces temps-ci ?

La mort de mon frère et la disparition du reste de ma famille ne me laissaient pas indifférent, au contraire. Mais je devais rester fort, surtout pour mener mon enquête à bien.

La doyenne secoua la tête d'un air désolé.

"Ces derniers temps, un étrange vent d'inquiétude souffle sur le monde, j'en ai bien peur. Quelque chose ne va pas, c'est dans l'air. L'un des petits protégés de cette clairière à récemment bravé l'interdit d'empiéter sur le territoire des Scarabrute en cherchant des baies pour soigner son ami. Leur réaction à son délit était démesurée, il s'en est fallu de peu. Je connais bien Némélios, tu sais. Il n'est pas Pokémon à s'en prendre à autrui gratuitement. Je n'ai aucune idée des raisons de cette folie, mais l'heure est grave, en effet. Autrefois, lorsque je voyageais en contrée sauvage, j'ai eu le plaisir de rencontrer son arrière grand-mère, une reine juste et bonne. Ce n'est pas dans leur nature. Mais si ce que tu dis est vrai, alors considère que ta soeur est bien mieux perdue qu'entre les crocs de guerriers aussi puissants. Ce sont souvent les plus droits et les plus justes qui ont le coeur le plus fragile et l'esprit aussi vulnérable. Quoi qu'on leur ait fait, ils doivent souffrir le martyr... Dis-moi, mon petit, qu'as-tu l'intention de faire, lorsque tu auras retrouvé tes forces ?"


Elle était extrêmement inquiète. Que faisait Roserade dans un moment pareil ? Pourvu que rien ne lui soit arrivé à lui non plus. Il était peut-être temps de laisser la place à Herbizarre et de partir voir Némélios... Mais était-ce là une bonne idée ?

J'écoutais attentivement chaque précieuse information qu'elle me donnait. Chacune était importante et apportait des éléments à mon enquête.

"Merci Baba, je m'en souviendrais." 
Je marqua une courte pause, cherchant désespérément les mots pour ne pas la décevoir malgré ses avertissements. 


"Une fois que j'aurai retrouvé mes forces, je reprendrai mon voyage, je trouverai une réponse à toutes les questions que je me pose, et je retrouverai ma sœur." Dis-je avec toute la détermination du monde. 
Je ne pouvais pas laisser ma sœur toute seule dans la nature. Je ne voulais même pas imaginer ce qu'elle pouvait être en train d'endurer..

Les paroles de Haru alertèrent Baba. Pourvu qu'il ne fasse rien d'insensé... Elle déroula sa liane-fouet et la posa doucement sur la tête du Typhlosion, plongeant son regard dans le sien.

"Si telle est ta volonté, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider à te préparer. Mais promets-moi de ne pas être imprudent. Chaque vie est précieuse, et quoi que tu en penses, la tienne ne vaut pas moins que celle de ceux que tu aimes. Lorsqu'on donne sa vie pour quelqu'un, on ne peut le faire qu'en vivant."

Elle s'arrêta net, pensive. Elle leva le nez vers le ciel et ferma les yeux. *Majaspic, mon ami, si tu étais là, douterais-tu, toi aussi ? Suis-je la seule à ressentir ce malaise ?*
Elle revint à Haru.

"Haru, mon garçon. Si tu as besoin de quoi que ce soit, sache qu'il n'est rien que la vieille Baba ne puisse refuser à un enfant tourmenté. J'ai vécu plus de deux cents ans, et pour avoir longtemps voyagé, j'ai compris que la solitude était la pire des calamités. Laisse les autres t'apporter l'aide qu'ils te proposent, et repose-toi sur les adultes de temps en temps. Il est normal que les enfants aient besoin des adultes."

Elle retourna à sa souche, péniblement, ses pauvres genoux menaçant de céder à chaque pas qu'elle faisait. Puis elle s'arrêta net, et se tourna vers le jeune Pokémon.

"Tu devrais dormir un peu. Si tu veux partir, je ne te retiendrai pas car je n'en ai pas le droit. Mais si l'envie te prenait, n'oublie pas de venir dire au revoir ! Et tant que tu es là, n'hésite pas à me demander de l'aide. J'ai certainement quelques baies et autres choses utiles à ton voyage."

Elle reprit sa route et s'allongea sur la souche d'arbre géante qui lui servait de siège. Puis, dans la quiétude du matin qui déclinait, elle se mit à siffler un chant d'une douceur infinie, qui se mit à résonner dans la Clairière Fleurie.

"-Si telle est ta volonté, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider à te préparer. Mais promets-moi de ne pas être imprudent. Chaque vie est précieuse, et quoi que tu en penses, la tienne ne vaut pas moins que celle de ceux que tu aimes. Lorsqu'on donne sa vie pour quelqu'un, on ne peut le faire qu'en vivant." Disait-elle de sa douce voix.

Les sages paroles de Baba m'atteignirent aisément.

"-Je te le promets." Dis-je avec sincérité.

Je comprenais son inquiétude, elle était totalement justifiée. Mais je ne pouvais faire autrement. Cependant, je suivrai ses conseils consciencieusement. Elle reprit :

"-Haru, mon garçon. Si tu as besoin de quoi que ce soit, sache qu'il n'est rien que la vieille Baba ne puisse refuser à un enfant tourmenté. J'ai vécu plus de deux cents ans, et pour avoir longtemps voyagé, j'ai compris que la solitude était la pire des calamités. Laisse les autres t'apporter l'aide qu'ils te proposent, et repose-toi sur les adultes de temps en temps. Il est normal que les enfants aient besoin des adultes." Poursuivit-elle.

La triste sagesse et la terrible raison qui émanaient de ses mots me fendirent le cœur. J'avais bien remarqué qu'elle avait été proie à la solitude, et sûrement bien plus que je ne l'avais été.

"-Tu devrais dormir un peu. Si tu veux partir, je ne te retiendrai pas car je n'en ai pas le droit. Mais si l'envie te prenait, n'oublie pas de venir dire au revoir ! Et tant que tu es là, n'hésite pas à me demander de l'aide. J'ai certainement quelques baies et autres choses utiles à ton voyage." Disait calmement Baba.

"-Oui Baba, merci beaucoup."

Merci pour tout. Merci pour ton hospitalité, ta gentillesse et ta bonté.
Je la regardais tristement retourner à sa souche. Désolé Baba, je ne voulais pas que cela se passe de cette façon.

J'inspecta l'endroit où je devais dormir. Il y avait comme une paillasse faite avec de l'herbe séchée au sol, qui paraissait confortable. Mais je ne pouvais me permettre de dormir sur un végétal, encore moins si il était sec. Durant mon sommeil, il m'arrivait de libérer des flammes qui pourraient brûler n'importe quoi.
Je pris soin de rouler la paillasse, de la retirer et de la poser sur le côté. A présent, il ne restait que le sol poussiéreux. Parfait. Je me roulai en boule, fermai les yeux et pensais encore un peu à ce qu'il s'était passé dans la journée. Tout allait tellement vite. C'est à peine si j'arrivais à suivre..
Je m'endormis sans pouvoir résister, bercé par un doux sifflement dont l'origine m'était inconnue.

L'après-midi commençait déjà, et Baba profitait du sommeil de Haru pour préparer un petit baluchon de baies. La réserve de la clairière pouvait bien offrir à ce jeune étranger quelques unes de ses baies savoureuses, et les Scarhino en ramenaient en quantité chaque jour. Le Florizarre noua précieusement les grandes feuilles du baluchon avec toute la précision que lui octroyaient ses lianes-fouets - c'est-à-dire très peu - Et s'appliqua à les déposer délicatement auprès du vagabond endormi.

"Bon voyage, mon enfant, chuchota-t-elle en caressant son visage assoupi. Puisse la chance te sourire. Tu verras, tu feras sans doute de merveilleuses rencontres. Ta sœur doit être fière d'avoir un grand frère aussi aimant."


Comme s'il l'avait entendue, il émit un léger grognement d'apaisement et un petit sourire se dessina au coin de sa gueule. Elle déposa un baiser sur son front et s'en retourna à sa souche, sous les feuilles bavardes, emplies de la rumeur du vent sifflant entre les branches.


*Némélios,  pensait-elle, que t'arrive-t-il, mon ami ? Quel grand trouble habite ton cœur, et qui t'a joué ce bien funeste tour ? Quel est ce sentiment qui m'étreint ? Ma vie touche à sa fin, et le futur des Pokémon de ce monde me préoccupe terriblement... Roserade, mon cher enfant, reviens-moi vite. Tout ceci m'inquiète, et la clairière a besoin de toi.*

Baba ouvrit lentement ses paupières pesantes et son regard se posa sur Haru. Elle ouvrit sa large gueule et son bâillement monstrueux résonna dans toute la forêt.

"Bonsoir, mon petit, sourit-elle. Alors te voilà fin prêt ? Qu'y a-t-il, mon ange ? Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ?"

"Bonsoir Baba. Il est temps pour moi de repartir en voyage." Dis-je d'un ton doux et calme.
Je m'approchai d'elle et lui fis une accolade, closant à demi les yeux.
"Je reviendrai vite te rendre visite, c'est promis. Et peut-être même que je pourrai te présenter ma petite sœur !" Assurais-je avec joie et enthousiasme.
"Merci pour tout Baba, tu m'as été d'une grande aide et beaucoup de réconfort. Je n'oublierai jamais tout ce que tu as fait pour moi." Je lui adressais un sourire radieux.

"Au revoir, mon enfant. Puisse la chance te sourire, et que Xerneas veille sur ta soeur. Si tu sens que tu as besoin d'aide, tu seras toujours le bienvenu dans la clairière. Maintenant, va ! Je crois qu'un petit bout de chou a besoin de toi !"

Baba regardait le jeune Haru s'éloigner. Qu'il était dur de voir s'en aller les jeunes. Lorsqu'on est un vestige et que l'on choisit de protéger son nid, le temps n'a plus de forme, et les vies défilent comme un souffle. Allait-elle pouvoir rendre le sien ? Son si vieux souffle presque éteint ? Tout reposerait tôt ou tard entre les lianes de son fils. Malgré l'âge avancé de la doyenne, Herbizarre n'était qu'un jeunot, d'une trentaine d'années tout au plus.


Le vent de la Clairière Fleurie, magique comme toujours, s'en allait en chantant et accompagnait les pas de Haru, le petit Typhlosion. "Que la forêt te protège", semblait-il murmurer dans les fissures des troncs.